9 octobre 2014
Mauvaise humeur.
Quand je sors d’un Conseil Municipal, je me dis que
décidément la démocratie n’existe pas.
Le Conseil : exercice formel, formaté, d’entérinements
des décisions d’un autocrate assis sur un coussin de sbires et sous les
couvertures de commissions dont on ne sait rien : tout cela ressemble à un
étrange petit théâtre de marionnettes dont on rejoue éternellement la même
pièce.
J’ai la même impression parfois lorsqu’il m’arrive d’écouter
les débats à l’Assemblée Nationale.
Cela me rappelle ce que dans les années soixante, on
appelait Conférence de Méthode à Science Po :
Il était demandé à quelqu’un de soutenir le point de vue
d’un parti qu’on lui désignait face à une assemblée de contradicteurs. Si
l’intention est bonne, le résultat est catastrophique : on prépare des
gens à des petits jeux qui singent la démocratie et les arguments se tournent
et se retournent comme dans une mauvaise pièce de boulevard avec des ménages à
trois, quatre ou chacun trompe chacun, où les vestes se retournent créant des
courants d’air à faire claquer des portes…
Faire de l’effet est plus important que d’argumenter.
Se montrer, être sûr d’être vu est plus important que d’être
réellement là.
C’est qu’il en faut des sacrifices pour se faire élire, et
réélire !
Il faut bien sacrifier aux rites de plaire, de
séduire : cela sied à la démocratie !
Ah, Lucien et ses vestes : bleu horizon ou jaune
canari !
La Commedia delle Arte puisait ses caricatures dans le monde
politique.
Pas étonnant et la
source est loin de s’éteindre.
Les Guignols ont pris le relai à la télé. Ils me font
rarement rire : c’est qu’à moquer systématiquement et répétitivement ces
gens, on se rit aussi de la démocratie.
Sortir la démocratie de cet embourbement devient une
nécessité vitale.
Vite revenir au débat hors des systèmes de représentation
politique dans lesquels s’époumonent des élus dans des « faire semblant »,
élus qui s’estiment démocrates quand ils pensent pour le peuple en le flattant
dans le sens de leurs réélections.
Vite s’autoriser à penser, à débattre en dehors des faux
enjeux de démocratie résumés à des élections.
De l’air !
Un exemple :
Pour la réhabilitation d’un quartier, la loi prévoit qu’il y
ait une consultation de la population concernée.
Le Maire n’en parle
pas.
On le lui fait remarquer.
Il répond que cela sera fait. Pour ne pas être en dehors de
la loi ?
Pas un mot sur l’importance d’une telle consultation, pas un
mot sur l’information que cela suppose, pas un mot sur la mise en place, pas un
mot sur ce qu’il adviendra de cette consultation, sur l’importance qu’il lui
accorde…
Le voici, à n’en pas douter, contraint de sacrifier à cet
emmerdement supplémentaire dont il se serait sans doute volontiers passé !
La démocratie : oui ! Mais sans le peuple, s’il
vous plait !
Un autre encore :
Entre deux Conseils, le Maire prend un certain nombre de
décisions.
La bagatelle d’une vingtaine !
Alors même que le Conseil n’en n’aura débattu que d’une
dizaine !
Ces décisions ne sont pas mentionnées sur l’ordre du jour du
Conseil.
Les élus en sont informés cependant dans le dossier qui leur
est transmis pour le Conseil.
A la toute fin du Conseil, le Maire demande s’il y a des
questions sur ces (ses ) décisions.
Il fait ainsi un gros paquet dans lequel se cachent des
couleuvres prêtes à être gobées.
L’une de ces couleuvres :
Augmentation de 15% de la cantine scolaire !
Il existe bien quelque commission qui aurait pu instruire
cette question, mais non :
décision du Maire !
A peine interrogée par quelques bonnes âmes sensibles…
Mais décision bel et bien entérinée !
Pendant ce temps l’emploi fout le camp, les commerces
ferment, la vie devient chaque jour plus
difficile… Mais :
Dormez tranquilles, braves gens : on veille sur vous !Et si vous ne dormez pas encore,Sachez que nous mettons tous les moyens pour vous endormir !
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Ediles
en assemblée….
Le mépris
Le dédain
Tous ne les
professent pas
Mais leur
carcan est tel que c’est tout ce qu’il en reste
Leur carcan
leur est invisible, insensible
Ils ne peuvent
s’en affranchir
Héritage,
atavisme… que sais-je encore
Ils font parler
ce carcan
Tous ne s’en
rendent pas compte
Par de petits
glissements invisibles
Au nom de la
démocratie
Ils l’imposent
à tous
Tous
Tous malades de
cette peste
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